Le Librairtaire de Proust
25 mai 2020, dix ans déjà que ma première chronique a inauguré Le Librairtaire. Journal d’un caféïnomane insomniaque. Dix années, comme le temps passe vite ! Dix années au cours desquelles j’ai souhaité partager mes lectures et les réflexions qu’elles m’ont inspirées. Dix années au cours desquelles je vous ai croisé, au travers de vos œuvres ou dans la vie réelle, parfois les deux. C’est pourquoi, afin de célébrer cet anniversaire, j’ai proposé à une dizaine d’auteurs et de lecteurs de répondre à un Librairtaire de Proust, questionnaire revu et corrigé à ma façon, publié dans ce chapitre.
Philippe Rubempré
Lundi 25 mai 2020, Le Librairtaire fête ses 10 ans !
Dix années aujourd’hui que je partage avec vous, chers lecteurs, les livres, films et citations qui m’inspirent et que je désire faire découvrir ou redécouvrir. Mon journal de caféïnomane insomniaque a évolué au fil du temps, des rubriques nouvelles ont été créées, d’autres supprimées, mais aucune chronique n’a été enlevée, pas même celles que je ne goûte plus à la relecture. Mes chroniques sont le reflet de mon état d’esprit au moment de leur composition, un journal extime, en somme.
Merci, chers lecteurs, que vous soyez fidèles ou simplement curieux. Merci et joyeux anniversaire !
Ab hinc… 277
« On ne peut toujours pas publier sans trier ou masquer, sous peine d’être condamné. Les dommages-intérêts sont le visage moderne de l’inquisition.
Ce qui laisse le plus songeur dans cette censure modernisée est l’abandon progressif de nombreuses zones, de l’humour au roman, du pamphlet au livret d’opéra, qui sont désormais judiciarisées.
Il faut se pencher, par exemple, sur le comportement des personnages de fiction, forcément exemplaires. Là se niche la véritable trouvaille du censeur à la page. Ce n’est plus la débauche en tant que telle qui est jugée, ce n’est plus la connotation raciste du littérateur qui est désignée à l’opprobre. Les personnages sont les vrais coupables. »
Emmanuel Pierrat, Liberté sans expression ? Jusqu’où peut-on tout dire, écrire, dessiner, Flammarion, 2015.
Les Bâtisseurs d’histoire – Gérard Chaliand
Magellan & Cie a eu la bonne idée de réunir dans une édition revue et corrigée 14 essais de Gérard Chaliand consacrés à des personnalités ayant influencé le cours de l’histoire. Composés entre les années 1970 et les années 2000, chacun d’entre eux reste d’une actualité et d’une acuité qui rend leur lecture passionnante encore aujourd’hui.
Gérard Chaliand, géopoliticien de qualité et reconnu, sait mettre en valeur chez des personnalités attendues – Napoléon, Kissinger, Sun Zi – parfois beaucoup moins – Cabral, Fanon, Giap – l’originalité qui en fait des bâtisseurs d’histoire ; originalité politique et stratégique, militaire souvent, révolutionnaire aussi. Dans chacun de ses essais, Chaliand mêle à une plume précise et fluide l’analyse fine, non sans une ironie bienvenue à l’occasion…
Les Bâtisseurs d’histoire est un ouvrage réussi car il permet de mieux entendre notre monde et les interactions qui l’animent. Nous comprenons à sa lecture l’essence de la diplomatie et de la stratégie, éclairant par là même quelques aberrations de la politique étrangère française de ces dernières décennies, confuse et par trop inefficace, quand elle n’est pas contre-productive. Chaque portrait brossé nous prouve combien il est pertinent de connaître ces acteurs et leur héritage pour appréhender notre monde comme il va.
Avec Les Bâtisseurs d’histoire, Gérard Chaliand signe avec lucidité à la fois un grand livre d’histoire et de géopolitique.
Philippe Rubempré
Gérard Chaliand, Les Bâtisseurs d’histoire, Éditions Magellan & Cie, 2013, 256 p.
Ab hinc… 276
« La liberté existe toujours. Il suffit d’en payer le prix. » – Henry de Montherlant