Journal d'un caféïnomane insomniaque
lundi novembre 25th 2024

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Ab hinc… 271

« Il convient d’enrichir la communauté parce qu’elle seule à son tour enrichit l’homme. On est l’homme d’une patrie, d’un métier, d’une civilisation, d’une religion. On n’est pas homme tout court. » – Antoine de Saint-Exupéry

Le populisme ou la mort et autres chroniques – Olivier Maulin

« Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

« Celui qui sait la vérité et ne gueule pas la vérité se fait le complice des menteurs et des faussaires. » – Charles Péguy

« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. » – George Orwell

Paru en 2019, Le populisme ou la mort recueille les chroniques publiées par Olivier Maulin de 2012 à 2016 sous le pseudonyme de Julien Jauffret dans le sulfureux hebdomadaire Minute. Comment ! Olivier Maulin, « l’auteur le plus drôle de France » (Frédéric Beigbeder, Le Figaro), a collaboré, horresco referens, à un canard d’extrême-droite ! Vite, une pétition pour le faire virer de Valeurs actuelles, dénonçons de suite ses éditeurs ! Voilà un avant-goût de la manière dont la tolérante gauche a l’habitude de réagir. Parions plutôt sur l’intelligence du lecteur ; Maulin est une plume talentueuse et drôle – lisez Le Bocage à la nage ou l’hilarant La Fête est finie – qui mérite le détour. De Minute, je ne connaissais que la réputation, les approximations de la fiche Wiki et un hors-série bienveillant de Présent1 consacré à l’histoire de cet hebdomadaire et de ses grandes plumes. Ne l’ayant jamais lu, je n’en dirai rien. Mais que Maulin ait publié dans Minute ne me gène pas plus que François Taillandier dans L’Humanité, Antoine Blondin dans L’Humanité et Rivarol, ou Alexandre Vialatte et Philippe Muray dans La Montagne. Ce qui compte à mes yeux est ce qui est écrit et la manière dont c’est écrit, pas le média.

Couvrant peu ou prou le quinquennat Hollande, Olivier Maulin raille l’époque avec une ironie mordante et une férocité jubilatoire. Qu’il admire ou qu’il dénonce, le style fait mouche et on en redemande, quand bien même serions-nous en désaccord avec ses propos. On retrouve dans ces chroniques les thèmes chers au romancier Olivier Maulin, à commencer par la défense de la nature et des terroirs, mais aussi un monde d’absurdités « hénaurmes » qu’il « dynamite joyeusement dans un cocktail parfaitement maîtrisé », ainsi que l’écrit François Bousquet dans sa préface. L’avenir de la France et de l’Europe tient une place importante, et la question migratoire, ce qui ne surprendra pas dans Minute, aussi. Toutefois, je mets au défi quiconque de trouver ne serait-ce qu’un soupçon de racisme chez Maulin. Les clichés ont souvent la vie dure, et d’aucuns trouveront que le simple fait de signer dans cet hebdomadaire est en soi une preuve. Ce ne sont que des tartufes. Finalement, c’est la tartuferie contemporaine qui est le vrai sujet de ces chroniques. Maulin dézingue avec une joyeuse outrance le monde sinistre qui se construit contre les peuples.

Quelle définition du populisme retenir après cette lecture ? Le problème des mots-valises est qu’on leur fait dire ce qu’on veut, souvent tout et son contraire. Alors, je proposerai de définir le populisme comme le cri des peuples qui refusent de mourir (l’expression ne m’appartient pas, mais je ne me souviens plus de son auteur). Le populisme, chez Maulin, est le fait pour un peuple de vouloir, et c’est plus que légitime, vivre chez soi selon ses mœurs en étant protégé2 et gouverné par un État souverain et respectueux de l’intérêt supérieur de la Nation. Cela n’interdit pas l’accueil et l’hospitalité, mais cela impose le respect de ce bon vieux principe de droit romain : à Rome, fais comme les Romains. Du reste, hors Union européenne, tous les États font respecter ce principe sans qu’on les accuse de nationalisme, de fascisme ou qu’on fasse éclater le thermomètre Godwin. Le populisme n’est pas le rejet des élites ; il n’y a pas de sociétés humaines sans élites. Il est le rejet d’une certaine élite française et européiste qui trahit le peuple sans vergogne et depuis les débuts de la constructions européenne (Jean Monnet reconnaît dans ses mémoires avoir eu un projet politique dès le départ, mais l’avoir sciemment dissimulé aux peuples, jusqu’à les mettre devant le fait accompli). Maulin fait tomber les masques avec truculence.

Alors qu’au moindre pet de mouche du trotskyste Plenel, tous les médias de la « grande presse » (celle qu’on a le droit de lire car elle pense comme il faut) l’invitent et c’est la tournée générale de propagande en plateaux apéro aux frais du contribuable, la même presse – censée pour le service public être pluraliste et représenter tous les courants de pensée – a républicainement ignoré le bouquin de Maulin. Une petite recherche Internet permet de constater que seuls des médias alternatifs, de la réacosphère, fachosphère ou réinfosphère, selon votre opinion politique, en ont parlé. C’est bien dommage. Quand une démocratie n’est plus capable de débattre sereinement des idées, de toutes les idées, dans ses grands médias, elle est en soins palliatifs et risque d’être débranchée.

Je ne peux que vous conseiller la lecture de ces chroniques d’Olivier Maulin, elles ont le triple mérite d’être libres, très bien écrites et de donner à réfléchir.

Philippe Rubempré

Olivier Maulin, Le populisme ou la mort et autres chroniques, préface de François Bousquet, Éditions Via Romana, 2019, 290 p.

1Hors-série Histoire-Actu du Présent, « Si Minute m’était conté », avril 2020.

2Il est intéressant de noter que l’ouverture des frontières et le non-respect des lois migratoires par ceux qui sont censés les appliquer et les faire appliquer a pour conséquence la multiplication des petites frontières, quartiers, digicodes… La société multiculturelle est par essence une société multi-conflictuelle. La majorité des Français, je crois (mais je peux me tromper) n’en veut pas. C’est pourtant cette société que nous imposent nos élites politiques et l’Union européenne. La démocratie est une chimère dans une UE où, selon l’ancien président de la Commission Juncker, « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Tous pourris, je ne sais pas, mais tartufes, à n’en pas douter !

Les Mercenaires de la mer – Marc Menant

Une plateforme pétrolière quelque part en mer du Nord. La tempête s’annonce, elle arrive, elle gronde. Son souffle rugit quand Jo Petitpas, le patron, est informé d’une fuite en profondeur. Il faut plonger. Pas n’importe comment ; pas n’importe qui. La compagnie envoie un hélicoptère avec trois de ces plongeurs de l’extrême, de ceux dont Petitpas fut un précurseur en son temps. Il retrouve ses deux complices de l’époque, Dorian et Kéradec, accompagné d’un jeune loup blagueur surnommé le Môme. Le matériel suit, caisson et cloche étanches pour descendre à 200 mètres réparer. Tout irait pour le mieux dans le plus viril des confinements si une potacherie n’avait dégénéré et qu’un accident n’avait jeté son fer dans cette plaie encore saignante…

Lire ce premier roman de Marc Menant a quelque chose de cocasse à l’heure où l’on se plaint d’un inefficient confinement à prétention prophylactique – avant tout cruel révélateur de l’impéritie de la gestion financière de ce qui ne s’achète ni ne se vend, santé et sécurité au premier chef des préoccupations de nos contemporains, hélas. Car sur une plateforme pétrolière, vous êtes confinés à la dure, boulot ingrat et dangereux, sans alcool, sans clopes (en théorie, du moins), sans femmes. Ce confinement qui devient encore plus oppressant pour les plongeurs qui passent de caisson en cloche pour amerrir par 200 mètres de fond ! Et personne pour geindre. On fait ce qu’on doit, sans attendre de reconnaissance ou de remerciements.

D’une plume allègre et enlevée, Menant déroule une Aventure humaine dans laquelle la vie et la mort, la sincérité et la dissimulation, les apparences et le réel soumettent à rude épreuve les nerfs et la fraternité entre les hommes. L’écrivain signe un roman régénérant sur l’honneur, l’amitié, l’engagement. Autant de vertus qui ne sont plus en odeur de sainteté en Macronie, et de fait, au moins depuis l’avènement de la funeste Mitterrandie.

Philippe Rubempré

Marc Menant, Les Mercenaires de la mer, Éditions France-Empire, 1982, 156 p.

Ab hinc… 270

« Celui qui sait la vérité et ne gueule pas la vérité se fait le complice des menteurs et des faussaires. » – Charles Péguy

Dimanche 3 mai 2020 – V2

« Tout lecteur est soit un voyageur qui fait une pause ou quelqu’un qui rentre chez lui. » Alberto Manguel, La Bibliothèque, la Nuit

Déconfinement annoncé à partir du 11 mai ! Enfin, après 8 semaines… Mais tout dépend de ce qu’on entend par déconfinement, la liberté ne sera que surveillée, pour le plus grand bonheur des politocards et des gafamistes. Pour nombre d’entre vous, et c’est mon cas, le travail n’a pas cessé, qu’il soit télé ou réalité. Alors face à cette situation croquignolesque, que faire ? son devoir. La vraie question est celle que posa Jean Mabire en son temps, que lire ?

Depuis une semaine, j’ai entrepris une relecture des classiques de mon enfance, je vous invite donc à un voyage régressif ! Quel bonheur à 40 piges de se replonger dans Le dernier des Mohicans, le Corsaire rouge, le Roman de Renart ou Prisonniers de la jungle ! Une vraie cure de jouvence sans l’abbé Soury. Reprendre quelques bons vieux romans de mon adolescence m’inonde d’une fraîcheur et me régénère le moral en deux heures. Mes rêves de jeunesse se rappellent à mon bon souvenir, et je me dis que finalement, il n’est peut-être pas trop tard pour être à leur hauteur. Confinement rime aussi avec introspection, et remise en question. Qu’est-ce qui est vraiment important ? Je ne peux répondre pour vous, mais ce que je peux vous assurer et vous garantir, c’est qu’un voyage au coeur de vos lectures adolescentes sera un puissant révélateur !

Il est temps pour moi de retourner à l’aventure, avec la fougue et les idéaux de ma jeunesse. J’ai encore quelques Signes de piste à relire avant l’élargissement… À bientôt.

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