Journal d'un caféïnomane insomniaque
jeudi septembre 11th 2025

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Barbara et les nouvelles Vénus – Alex Varenne

Alex Varenne a succombé à la maladie le 19 octobre 2020. sa disparition prive la bande-dessinée, la peinture et l’érotisme d’un maître hors-pair. Publié à titre posthume, l’album Barbara et les nouvelles Vénus est le testament dessiné d’Alex Varenne, son ultime hommage aux femmes de sa vie, vrai cri d’amour pour la Femme éternelle.

Même rongée par le mal, torturée sur un lit d’hôpital, la plume de Varenne reste exquise. Ses modèles aux formes généreuses respirent le libertinage joyeux et l’appétit de vivre, emmerdant à pied, à cheval et en voiture les castrateurs et autres moralinisateurs religieux, laïques ou de toute autre espèce de nuisibles.

Co-signée avec sa dernière muse Barbara Amorosa, l’œuvre ultime de Varenne déploie dans un noir et blanc éthéré érotisme et onirisme. Partir noyé de rêves et de volupté… Barbara Amorosa conclut cette bande-dessinée par un bel hommage à l’artiste intitulé « Entre les doigts d’Alex. La Vénus de Varenne, muse insoumise ». Laissons-lui le mot de la fin :

« Il aura dessiné jusqu’à la fin, jusqu’à faire de sa vie une œuvre d’art et jusqu’à réaliser l’œuvre d’art de sa vie. »

Philippe Rubempré

Alex Varenne, Barbara Amorosa, Barbara et les nouvelles Vénus, Zanpano, 2021, 176p.

De purs hommes – Mohamed Mbougar Sarr

Ndéné Gueye est un professeur de littérature à l’université de Dakar, blasé par la médiocrité et la bassesse carriériste de son milieu professionnel. Il dispense son cours sur Verlaine à des étudiants faisant simplement acte de présence. Son amante, Rama, lui montre une vidéo virale (merci les réseaux asociaux !) d’un type qu’on déterre. Il semblerait que le cadavre en question soit celui d’un homosexuel, un goor-jigéen, un « homme-femme » en wolof. De prime abord indifférent, Ndéné Gueye devient obsédé par cette vidéo, son héros involontaire malheureux, son identité, son histoire… Il vient en effet d’apprendre que pour lutter contre le fléau de l’homosexualité, le gouvernement sénégalais vient de proscrire un certain nombre d’écrivains de l’enseignement en raison de leur homosexualité réelle ou supposée… dont Verlaine, ce qui ne manque pas de provoquer une réaction de ses étudiants. Ajoutons à cela que le père de Gueye, un saint homme appelé à remplacer l’imam du quartier, malade, pour le prêche, consacre son sermon à ladite vidéo. Là sont réunis tous les éléments d’un roman qui ne vous décevra pas.

Il a suffi d’à peine 200 pages à l’écrivain sénégalais d’expression française Mohamed Mbougar Sarr (Prix Goncourt 2021 pour son – bon – roman La plus secrète mémoire des hommes) pour brosser un tableau de l’homosexualité au Sénégal, pays dont la population est à 90 % de religion musulmane. Comme dans son précédent roman Silence du chœur, Sarr a le talent de ne pas juger ses personnages, et de ce fait, il soulève de très bonnes questions auxquelles son roman n’offre que de multiples pistes de réflexion mais pas de réponse prête à consommer… En bref, l’écrivain Mohamed Mbougar Sarr nous propose de la très bonne littérature selon les critères établis par Alberto Manguel, écrivain et essayiste érudit, passionné et passionnant.

Ainsi, qu’en est-il de l’intégration des minorités au sein d’une société ? Doit-elle être inconditionnelle et universelle ? Au contraire, les traditions ne priment-elles pas, rendant de facto ni systématique, ni automatique cette intégration, sans que cela soit pour autant moralement condamnable ? Et les traditions ? Quelles traditions ? Dans De purs hommes, Sarr montre bien qu’il y a toujours eu des homosexuels au Sénégal, et qu’ils n’ont pas toujours été rejetés es qualité… Cette question interroge aussi la France, et d’une manière générale, l’Occident chrétien : en quel nom condamner des traditions, coutumes, civilisations, religions qui vous sont étrangères quand elles s’épanouissent sur leur terre ? La réciproque s’invite également : peut-on garder mœurs et coutumes quand on fait le choix d’émigrer dans une société autre qui ne les admet pas ? En France, l’homosexualité est légale ; les homosexuels peuvent même se marier. L’expression de l’homophobie et la discrimination à l’encontre de personnes homosexuelles sont réprimées par la législation. Au Sénégal, l’homosexualité est pénalement répréhensible.

Autant de questions soulevées par cet excellent roman de Mohamed Mbougar Sarr qui viennent asticoter les bonnes âmes généreuses au frais de la princesse et les bonnes consciences à moindre coût qui peuplent nos contrées. De purs hommes nous invite, sans toutefois patauger dans un ventre mou, à réfléchir avant de juger et de condamner, à savoir de quoi nous parlons avant de prendre position ou de faire le bravache. L’auteur a été accusé dans son pays de faire un plaidoyer pro-homosexualité ; il serait assez facile de lui faire le procès inverse. Quand la lecture est sélective et idéologique, on fait dire ce qu’on veut à n’importe qui. Dans ce cas, la lecture révèle soit l’ignorance du lecteur, soit son désir de manipuler à des fins idéologiques, politiques, religieuses, bassement pécuniaires ou que sais-je encore.

De purs hommes est un grand roman dont on ne sort pas tout à fait indemne. Un véritable remue-méninges littéraire. Le contraire d’un ouvrage de propagande.

Philippe Rubempré

Mohamed Mbougar Sarr, De purs hommes, [Philippe Rey / Jimsaan, 2018], Le Livre de Poche 2021, 189 p.

Asphyxie. Manuel de désenfumage pour notre temps – Harold Bernat

Comment lutter contre l’air du temps, contre cette imprégnation poisseuse qui vous explique à longueur de colonnes, d’ondes et d’écrans ce que vous devez penser et ne pas penser, faire et ne pas faire, croire et ne pas croire, dire et ne pas dire ? Comment dessiller nos paupières ? En aérant, en s’oxygénant l’âme, en prenant un grand bol d’air et en cessant d’être dupes. Voilà l’objet de cet étrange « manuel de désenfumage pour notre temps » intitulé Asphyxie.

Son auteur, agrégé de philosophie et enseignant, Harold Bernat, propose une réaction saine à la propagande totalitaire (au sens où elle englobe tous les aspects de la vie, de l’éducation à la consommation en passant par les loisirs et les choix « démocratiques ») libérale-libertaire qui voudrait que toute critique un peu fondée ou construite soit extrémiste ou irresponsable… Bernat nous invite à nous réapproprier nos modes de pensée. À travers quelques cas d’école, les « désenfumages », lesquels alternent avec des réflexions en profondeur, il réhabilite la critique politique, par essence conflictuelle ( ce qui ne signifie pas guerrière ou éradicatrice de ses adversaires) et nécessaire dans toute démocratie digne de ce nom. Il réhabilite le peuple contre les pseudos-élites qui ne cherchent qu’à perpétuer leurs places et privilèges en se foutant et de la France et du bien commun.

En érigeant le mouvement des Gilets Jaunes, sa réception médiatique et sa réponse policière en symbole, Harold Bernat montre à quel point la France et sa grandeur ont été confisquées à son peuple par une crème consanguine et corrompue, moralement à défaut de l’être financièrement, le cumul n’étant probablement et hélas sans doute pas une exception.

Un essai revigorant à lire pour se revivifier l’esprit et repenser l’époque.

Philippe Rubempré

Harold Bernat, Asphyxie. Manuel de désenfumage pour notre temps, Éditions de l’Escargot, 2020, 180p.

Ab hinc… 332

L’écume des jours…

« Mais, n’en déplaise aux enfumés, il existe bien un lectorat caché, souterrain, des esprits qui comprennent parfaitement la nature des enjeux et les grosses ficelles de l’enfumage généralisé. Ces femmes et ces hommes, de bonne volonté critique, ne sont pas payés pour enfumer l’auditoire.Ils ont souvent un travail décent, un intérêt pour le bien commun et un esprit suffisamment résistant pour s’opposer encore. Il est de première nécessité, pour préserver une niche ou un marché, de les qualifier d’extrêmes ou de rétrogrades, rhétorique imbécile qui ne fait plus illusion. » – Harold Bernat, Asphyxie. Manuel de désenfumage pour notre temps, Éditions de l’Escargot, 2020.

Chers lecteurs, permettez-moi de vous souhaiter une année 2023 désenfumée, non pas du tabac cher à Sganarelle, mais de la propagande qui imprègne chaque parcelle de notre quotidien. Je vous souhaite d’être libres et heureux. Je vous souhaite d’être en bonne santé, l’intendance suivra !

Lectures décembre

  1. Avant-Guerre – Guillaume Faye & JM.E. Simon
  2. Ex libris eroticis 2 – Rotundo
  3. L’été noir – Jean-Claude Clayes
  4. Attention femmes – Alex Varenne
  5. Les larmes du sexe – Alex Varenne
  6. La correction ou la confusion des sens – Philippe de Saxe, illustrations d’Alex Varenne
  7. SUSPECTE [RESPAWN] – Zoé Sagan
  8. Jessica Ligari – Philippe Cavell & Robert Merodack
  9. Le pays où l’on arrive jamais – André Dhôtel
  10. Trois hommes dans un bateau – Jerome K. Jerome
  11. Mai 68 vu d’en face – Bernard Lugan
  12. Vagabondages littéraires – Michel Marmin
  13. Sa Majesté des Mouches – William Golding
  14. Le Grand Remplacement. Introduction au remplacisme global – Renaud Camus
  15. Siècle furieux – Papacito
  16. Les Passagers du vent #1 La fille sous la dunette François Bourgeon
  17. Michel entre deux feux – Georges Bayard
  18. Les Passagers du vent #2 Le ponton – François Bourgeon
  19. Carnets intimes d’une jeune fille pas rangée – Maïna Lecherbonnier
  20. Les Passagers du vent #3 Le comptoir de Juda – François Bourgeon
  21. Les Passagers du vent #4 L’heure du serpent – François Bourgeon
  22. Le Hussard fonce dans le tas – Alain Sanders
  23. L’Intervalle entre le marchepied et le quai – Bruno Lafourcade
  24. Terminus pour le Hussard – Xavier Eman
  25. Les Passagers du vent #5 Le bois d’ébène – François Bourgeon
  26. Les Passagers du vent #6 La petite fille Bois-Caïman I & II – François Bourgeon
  27. Le Hussard retrouve ses facultés – Bruno Lafourcade
  28. Les Passagers du vent #7 Le sang des cerises Livre 1 Rue de l’Abreuvoir – François Bourgeon
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