Le Voleur de vent – Frédéric H. Fajardie
Fajardie met en scène dans une langue au classicisme fluide un héros comme nous les aimons, mystérieux, courtois, chevaleresque, habile d’armes et d’esprit… pour peu, nous en serions jaloux ! Écrite après Les Foulards rouges mais se passant avant, cette immense fresque (760 pages !) explore les arcanes d’un complot gigantesque destiné à éliminer le roi hérétique Henri IV, nombre de ligueurs n’ayant jamais cru en la sincérité de sa conversion. La conspiration, dirigée par le duc d’Épernon, est servie par un étrange moine défiguré, commandant loups-garous.
Thomas de Pomonne, comte de Nissac, amiral des Mers du Levant, s’est taillé une solide réputation de voleur de vent auprès (et à leur détriment) des Barbaresques et des Espagnols. Ne dévoilons pas le sens de l’expression « voleur de vent », laissons cette découverte aux plaisirs de la lecture… Sa réputation est telle qu’à l’instigation d’un petit évêque de Luçon (amené à connaître un grand destin ultérieurement à cette histoire), Nissac se retrouve en charge de déranger, désorganiser et amoindrir autant que possible le complot…
Frédéric H. Fajardie signe là un grand roman, bovarysant comme nous les aimons. Tout est au rendez-vous : aventure, amour, Histoire, trahison, batailles navales et terrestres, exploits, horreur, une forme de fantastique… Ce chef d’oeuvre d’une grande maîtrise est à mettre en toute les mains et confirme la place d’honneur de Frédéric H. Fajardie au panthéon des grands écrivains contemporains.
Philippe Rubempré
Frédéric H. Fajardie, Le Voleur de vent, (Jean-Claude Lattès, 2003), Le Livre de Poche, 2004, 763 pages, 8,50 euros
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Ab hinc… 159
« Aucune civilisation ne s’est détruite du dehors sans s’être tout d’abord ruinée elle-même, aucun empire n’est conquis de l’extérieur, qu’il ne soit préalablement suicidé. Et une société, une civilisation, ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leurs raisons d’être, quand l’idée dominante autour de laquelle elles étaient naguère organisées leur est devenue étrangère. » – René Grousset
Ab hinc… 158
« De ce que tous les hommes sont égaux en droit, on a déduit que tous les hommes sont pareils en fait. On craint que repérer une différence, ce ne soit légitimer l’inégalité. Après tout, il y a peut-être simplement de la délicatesse à ne pas vouloir évoquer leurs infériorités mentales devant ceux qui en sont atteints. » – André Siegfried
Lectures mars
- Le vicomte de Bragelonne – Alexandre Dumas
- La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires – Christophe Guilluy
- Nos disparus – Tim Gautreaux
- La France aveuglée par le socialisme – Philippe Nemo
- Notre frère qui êtes odieux… – A.D.G.
- La France Big Brother – Laurent Obertone
- Le Complot. L’histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion – Will Eisner
- Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag II B – Tardi
Ab hinc… 157
« Les Français se considèrent comme un peuple en décadence, sinon comme un peuple fini… Ils sont malades de ce que j’appellerais le dégoût de l’histoire. » – Curzio Malaparte