Journal d'un caféïnomane insomniaque
vendredi octobre 18th 2024

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Ogenki clinic – Haruka INUI

Y en a des ceusses qui font rien qu’à dire que l’érotisme en bande dessinée n’est qu’un étalage pervers de chairs flasques pour violeurs refoulés… Carabistouilles de grenouilles de bénitiers, balivernes de faces de carême, monotheist bullshits…

La preuve avec ce manga signé Haruka Inui, Ogenki clinic (La clinique du bien-être). Oui, le sexe, l’érotisme, la bagatelle sont des choses de la vie qui peuvent être heureuses, joyeuses et drôles. Si vous en doutez, consultez les ordonnances des patients du docteur Ogekuri Sawara, sexologue diplômé, et de sa pour le moins singulière infirmière, Ruko Tatase.

Trois tomes de fantasmes et de perversions soignés à l’Ogenki clinic… Jamais vulgaire, surprenant, hilarant, excitant… et pas pour les enfants. Un bijou de catalogue érotique bien dessiné et plein d’humour à explorer seul(e) ou en couple… effets secondaires garantis sur ordonnance !

L’alcool et la nostalgie – Mathias Enard

Court roman pour un long voyage, empreint d’alcool et de nostalgie – titre signifiant – et d’autres substances dont la loi m’interdit de faire l’apologie. Triangle fatal : l’amour, l’amitié, la mort.

Un coup de téléphone de Jeanne tombe la nouvelle comme un couperet pour Mathias. Vladimir, son Volodia, est mort. Retour à Moscou. Revoir Jeanne. Ramener la dépouille de Vladimir dans sa Sibérie natale. Par le train. Peu ou prou le même trajet qu’un certain Michel Strogoff. Voyage long, plusieurs jours, laissant libre court au vague-à-l’âme… à l’âme russe bien entendu…

Une plongée dans le remugle des souvenirs au fil des verres de vodka frappée. Un plaisir de lecture rare, réel, empreint d’alcool et de nostalgie.

Les larmes du sexe – Alex Varenne

Brillant hommage d’un poète du dessin au blason le plus fameux de ces dames. Hommage à la Femme et aux femmes ; hommage à l’amour libre, à la volupté et aux plaisirs de la route.

Les sublimes noir blanc de Varenne gondolent entre érotique, ésotérique et pornographique. Même contraste dans les textes où une poésie fine et lettrée use sans complexe ni fausse pudeur du vocabulaire de la bagatelle.

Il est inutile d’en faire des tartines, je vous laisse découvrir et apprécier ce qui n’est vulgaire que pour les intégristes et les cons.

« On vous aura traitées de salopes ou de putes,
mais cette obscénité n’existe que dans les cerveaux fêlés
de ceux qui la découvrent et en accusent les autres.
« 

Traité du bon usage de vin – François RABELAIS (attribué à)

La dive bouteille de la littérature française ! La substantifique moelle du savoir-vivre, n’en déplaise à toute la clique de diafoirus de dispensaire palliant leur incompétence par des leçons de morale (MM Gérard D. et Philippe B., c’est à vous – entres autres – que je pense, ne vous cachez pas pas derrière les gaz d’échappement de vos 4×4 de luxe) !

« Qui boit de l’eau a toujours quelque chose à cacher et dissimule en lui quelque obscénité« . Tout est dit.

Remercions ici les éditions Allia qui ont su dénicher et faire traduire (par Marianne Carnavaggio) ce texte attribué à Rabelais, retrouvé et connu que par une ancienne traduction en tchèque. La verve pantagruélique du Maître est plus que jamais au rendez-vous et ses conseils toujours fameux !

À vos tastevins, mesdames et damoiseaux, à vos tastevins !!!

La vie, mode d’emploi – Georges PEREC

Avant de mourir, le peintre Serge Valène conçoit son oeuvre ultime, un tableau représentant son immeuble du XVIeme arrondissement de Paris vue en coupe. Voilà le concept romanesque développé par Perec dans cette oeuvre omnisciente.

Perec réinvente les matriochkas adaptées à l’art du roman. Chaque appartement est une poupée gigogne, chaque habitant est une histoire, et tout s’accorde sur ce fameux immeuble de la rue Simon-Crubelier.

Flattant nos plus bas instincts, La vie, mode d’emploi se dévore, arrosant de pages en chapitres le rôti de notre curiosité naturelle – et malsaine. Et l’Histoire, et l’Art, et la Science, et l’Aventure, et j’en passe sont au rendez-vous des vies fantasmées des locataires.

Finalement, La vie, mode d’emploi est plus qu’un concept romanesque, c’est véritablement une étude, un essai sur ce qui fait la vie. Une étude de cas sur un immeuble de la rue Simon-Crubelier et ses habitants, en somme. Tout comme on étudie la faune au sein des parcs zoologiques ou des réserves naturelles (spéciales dédicaces aux connaisseurs des Z.N.I.E.F.F., et oui ça existe !).

Le pire – et le meilleur – reste que ce bouquin génial par la banalité de son sujet est grandiose par son traitement, et le pavé se déguste comme un bon rumsteack.

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