Journal d'un caféïnomane insomniaque
vendredi juin 20th 2025

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Le français, parlons-en ! – Boualem Sansal

Brillante défense et illustration de la langue (mais aussi de la culture, de la civilisation) française(s) par l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. À l’heure où je rédige cette chroniculette, Sansal est détenu depuis le 16 novembre 2024 dans les geôles du régime algérien pour sa plume et ses idées.

« Revenons en France où la vie coulait au rythme de ses fleuves et de ses rivières. La langue était une profession de foi et une méthode infaillible de reconnaissance. C’était par elle et par ce qu’elle véhiculait de trésors et recelait d’armes tant défensives qu’offensives qu’on organisait et défendait sa vie, son territoire, l’intimité de sa famille, sa généalogie, son patrimoine, ses recettes de cuisine et ses tours de main, bref l’art et la manière de vivre jalousement et égoïstement en son paradis. »

Boualem Sansal, op. cit., p. 165-166.

Il semble que la veulerie de l’État français pour défendre notre compatriote Sansal se justifie dans sa velléité de censure illustrée (encore hier 19 février 2025) par l’interdiction politique des médias qui n’ont pas l’heur de plaire à la caste dirigeante… Sans grande réaction populaire. Hélas.

Philippe Rubempré

Boualem Sansal, Le français, parlons-en !, Les éditions du Cerf, 2024, 187 p.

Ab hinc… 389

« Avec le stress et la peur à dose forte sur une longue durée, plus l’enfermement dans un quotidien devenu misérable et honteux, les croyances changent, le physique aussi… ça parait évident, non… Je crois que nous devrions organiser des meetings pour sensibiliser nos concitoyens… ils doivent veiller sur leurs convictions d’hommes libres comme sur la prunelle de leurs yeux… c’est ça qui assure notre intégrité et qui nous tient debout… sinon un matin, ils se réveilleront dans la peau de ces gens ou dans la carapace d’une blatte… » – Boualem Sansal, Le Train d’Erlingen ou la métamorphose de Dieu.

Lectures janvier

  1. Encyclopédie en images Histoire : Du Moyen-Âge à 1914 – Dr Anne Millard, tred. Martine Richebé, Ill. Joseph McEwan
  2. Les Malheurs de Janice (intégrale) – Erich Von Gotha, avec Bernard Joubert
  3. Degenerate Housewives – Rebecca
  4. Hot Moms – Rebecca
  5. L’Armée des Ombres – Jean-David Morvan / Emmanuel Moynot / Benoît Lacou, d’après Joseph Kessel
  6. L’art de ne pas être dupe des fripons – Balzac
  7. 15 Enquêtes policières – Collectif, illustrations de Carmen Batet & Georges Pichard
  8. Teens at play – Rebecca
  9. Mort au peuple – Marc Obregon
  10. Sans filtre – Marsault
  11. L’Hôtel du Nord – Eugène Dabit
  12. Et quelquefois j’ai comme une grande idée – Ken Kesey
  13. Sophisticated ladies – Paula Meadows
  14. Deux poids, deux mesures – Marsault & Cordell
  15. BREUM #1 Attention, ça va piquer – Marsault
  16. Girls next door – Mapp
  17. BREUM #2 Blindage et liberté – Marsault
  18. BREUM #3 C’est pas la taille qui compte – Marsault
  19. La république du Mont Blanc – Saint-Loup
  20. Dernière pute avant la fin du monde – Marsault

Nouveaux lieux communs. Exégèse, exorcisme – Richard Millet

Se plaçant dans le (noble) sillage de Bloy, Ellul, Flaubert, Barthes ou Muray, Richard Millet s’attaque à trois cents lieux communs de notre temps, qui « jamais ne se sont mieux portés ». Il les analyse et les « dézingue » avec une verve et une érudition tout à fait réjouissantes. Attention, tout le monde n’est pas prêt !

« Considérée comme une « distinction de classe », et donc discriminatoire, dans les concours, [la culture générale] a disparu avec le goût, le savoir, la langue elle-même, sans que nul ne s’émeuve de ce « général » qui était pourtant un signe d’universalisme admis de tous […]. »

Richard Millet, op. cit., p.81.

Richard Millet, Nouveaux lieux communs. Exégèse, exorcisme, Éditions La Nouvelle Librairie, 2024, 228 p.

J’ai péché, péché dans le plaisir – Abnousse Shalmani

L’écrivain franco-iranienne Abnousse Shalmani croise les destins des poétesses Marie de Régnier et Forough Farrokhzad dans un roman célébrant à la fois la féminité, l’érotisme et la liberté. Bien que ce faisant, elle cédât à la mode des biographies romancées, Shalmani dépasse l’exercice en plongeant avec volupté son lecteur entre le Paris de la Belle Époque et l’Iran du Shah par l’entremise de la Tortue, poète iranien qui joue les entremetteurs entre Forough et Marie. Shalmani explore la liberté « quoi qu’il (leur) en coûte » de ces deux femmes admirables, leurs relations avec leurs amis – amants, plus ou moins réputés, voire sulfureux comme le grand amour de Marie de Régnier, l’érotomane génial Pierre Loüys.

Par-delà l’ode à la liberté, à la sensualité et à la poésie, Abnousse Shalmani nous invite à (re)découvrir les plumes de Forough Farrokhzad et Marie de Régnier, et à remettre au goût du jour des femmes libres, ce qui prend tout son sens dans notre sinistre époque où la liberté des femmes n’a jamais été autant menacée… et pas forcément par ceux qu’on croit.

Une saine lecture hautement recommandable.

Philippe Rubempré

Abnousse Shalmani, J’ai péché, péché dans le plaisir, Grasset, 2024, 193 p.

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