Lecture août
- Blèche – Pierre Drieu la Rochelle
- Un samouraï d’Occident – Dominique Venner
- King Kong Théorie – Virginie Despentes
- Les Lauriers de César – Goscinny & Uderzo
- Le Bouclier Arverne – Goscinny & Uderzo
- Ulysse – Homère – Lob – Pichard
- Brassens au plaisir de la guitare – Yves Uzureau
- L’éternité plus un jour – Georges-Emmanuel Clancier
- Les exploits d’un jeune Don Juan – Guillaume Apollinaire / Georges Pichard
- Mathias Sandorf – Jules Verne
La neige en deuil – Henri Troyat
La neige en deuil, court roman de l’académicien d’origine russe Henri Troyat, est un tragédie triple : tragédie familiale ; tragédie montagnarde ; tragédie de l’Honneur, enfin. Pour l’anecdote, il s’agit du premier roman que j’ai lu d’une traite, alors en classe de quatrième ; j’en rends grâce à mon professeur de français, Jean-Claude G., paix à son âme.
L’histoire est fondée sur l’opposition entre les deux frères Vaudagne ; l’aîné, Isaïe, ancien guide de haute montagne, la cinquantaine, a accouché et élevé son frère, Marcellin, âgé d’une trentaine d’années. Autant Isaïe respire la bonté profonde et la générosité, autant Marcellin apparait raté, veule et ingrat, querelleur et paresseux. Les deux frères vivent dans la maison familiale, sise dans un hameau isolé, entourée de brebis. Cette maison, Marcellin veut la vendre pour se faire du fric et investir en ville ; Isaïe le refuse absolument, au nom de l’héritage. C’est sa maison natale, celle de son père et du père de son père… Les ambitions et le caractère de Marcellin compliquent les relations entre les deux frères. La chute d’un avion dans la montagne et l’abandon officiel des secours précipitent les événements. En cédant à un nouveau caprice de Marcellin, Isaïe pose le pied dans un engrenage fatal…
En 120 pages serrées, Troyat incarne en Isaïe l’Honneur et le sens du Sacrifice, deux vertus qui ne sont plus en odeur de sainteté sous le règne du capitalisme consumériste. La geste finale, tragique, vous prend aux tripes. La neige en deuil est un roman d’accès aisé, à la langue colorée et fluide ; l’histoire vous enveloppe dès les premières pages. C’est un roman à faire lire aux jeunes collégiens, et leur faire ainsi sentir que la vie ne se résume pas au fait de se pavaner sur les réseaux dits sociaux et à la satisfaction égoïste de ses menus plaisirs. Seuls l’Honneur et le Sacrifice subliment une Vie, n’en déplaise aux marchands du temple libéral-libertaire.
Philippe Rubempré
Henri Troyat, La neige en deuil, (Flammarion, 1952), Éditions J’ai lu, 1974, 126 pages.
Baise-moi – Virginie Despentes
Baise-moi, entrée fracassante de Virginie Despentes en littérature. Acheté et lu une première fois suite à la ridicule polémique ayant accompagné la sortie du film. Relu cet été après King Kong Théorie. En pleine vague porcine et liberticide, j’ai désiré relire cet écrivain féministe iconoclaste, dont je dois dire ne pas goûter le discours médiatique, mais dont le style ne me déplait pas.
Baise-moi dégoupille façon King Kong le destin de deux cassosses, Nadine et Manu, deux meurtrières qui ont leur raison, deux princesses de la carousse, deux amatrices assumées des plaisirs de la route. De leur rencontre fortuite va naitre une cavale vengeresse, nihiliste, ultra-violente et arrosée. Celles qui n’ont plus rien à perdre feront tout de même de belles rencontres, de celles qui vous maintiennent quand rien ne va plus.
Baise-moi est un roman de la misère, du viol, des armes, de la pauvreté, de l’inespoir, de la pornographie au sens propre. Ce texte brûlant et brûlot raconte les vies paumées de banlieues oubliées, parce que la merde attire la merde et qu’elle se concentre. À l’écart. C’est le roman qui imagine et met en scène ce qui se passe quand ceux qui n’ont rien à perdre pètent les plombs et explosent, ce qui advient quand la merde déborde de sa fosse…
L’adaptation cinématographique (film éponyme réalisé par l’auteur et Coralie Trinh Tih, sorti en 2000) a choqué la bourgeoise et le ratichon pour quelques scènes de cul non simulées. Sans avoir vu le film, mais ayant lu plusieurs fois le roman, les quelques passages pornographiques ne sont vraiment pas choquant au regard du nihilisme et de la violence extrême déployée ; ce qui choque profondément, c’est l’état d’abandon intérieur, de solitude affective et de déliquescence morale qui conduit deux jeunes femmes à se « libérer » de cette manière, et interroge le lecteur sur la chute.
Certes, Baise-moi est un roman choquant, ultra-provocateur et violent. Il faut néanmoins le lire pour ce qu’il nous dit de notre société et de son modus vivendi capitaliste libéral-libertaire, pour le tableau maudit qu’il en brosse et les parfums viciés qui s’en exhalent. Baise-moi résonne encore pertinemment un quart de siècle après sa parution.
Philippe Rubempré
Baise-moi, Virginie Despentes, (Florent Massot, 1994 – Grasset et Fasquelle, 1999), Éditions J’ai lu, 2000, 249 p.
Lectures juillet
- Corrida pour une nuit blanche – Renoy
- La guerre des boutons – Louis Pergaud
- Le bal du dodo – Geneviève Dormann
- Le monde selon Jules Verne – Olivier & Patrick Poivre d’Arvor
- Simbaby – Lavagna & Nizzoli
- Bye Bye Tristesse – Nataël – Béja
- La Fable de Venise – Hugo Pratt
- Braise – Laura Desprein
- Fleur d’Août – Laura Desprein
- Le Guépard – Giuseppe Tomasi di Lampedusa
- État-Civil – Pierre Drieu la Rochelle
- Sud magnétique – Laura Desprein
- La Valise vide – Pierre Drieu la Rochelle
- Autrement et encore – Sébastien Lapaque
- L’Internationale des Francs-Tireurs – Bruno de Cessole
- Astérix chez Rahazade – Uderzo
- L’Odyssée d’Astérix – Uderzo
- Le fils d’Astérix – Uderzo
- La Grande Traversée – Goscinny & Uderzo
- Astérix chez les Belges – Goscinny & Uderzo
- Le Devin – Goscinny & Uderzo
- Le Cadeau de César – Goscinny & Uderzo