Journal d'un caféïnomane insomniaque
samedi avril 20th 2024

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Terminal Croisière – Thierry Marignac

Essayiste, traducteur du russe et de l’anglais (profession qu’il a exercée dans le domaine judiciaire à Bruxelles) et romancier, Thierry Marignac est une signature atypique dans le paysage des lettres françaises. Avec Terminal Croisière (Auda Isarn, 2021), il nous plonge dans l’œil du cyclone des lobbyistes européistes, véritable marigot peuplé de sauriens assez peu recommandables et de bien nommés vauriens.

Thomas Dessaignes, le narrateur et héros, est embarqué comme traducteur dans le cadre d’un colloque sur le poète russe Derjavine, qui se tient à bord du paquebot Imperial Luxury, qui accueille en outre un séminaire d’une entreprise d’ingénierie trans-européenne, Omega 8. Lors d’une escale au terminal croisière du port belge d’Anvers, un jeune Tchétchène est arrêté en possession d’une rondelette quantité d’opium. C’est alors que Dessaignes est réquisitionné par la police es qualité d’interprète judiciaire. C’est l’été. La chaleur étouffante oppresse les nerfs et poisse les chemises contre les peaux. La pluie ne lasse pas de tomber sans parvenir à rafraîchir l’atmosphère.

Dans un incessant dialogue entre le terminal, au cœur des très crédibles séances d’interrogatoires, et les événements de la croisière en cours narrés par Thomas Dessaignes, Marignac échafaude une intrigue complexe dans laquelle s’emberlificotent séduction, espionnage industriel, corruption, paris truqués, reportage d’investigation, liberté de la presse, lobbying, polar… Entre l’envoûtante Svetlana et le mystérieux Opérateur, le lecteur est immergé dans les barbouzeries européennes, guidé dans ce sombre labyrinthe par un interprète judiciaire peut-être moins innocent qu’il ne l’affirme aux policiers… On y croise Britanniques, Russes, Tchétchènes, et autres Croates, Géorgiens ou Kazakhs ; on visite l’Imperial Luxury des entreponts aux salons de réception ; on espère et on suppute dans les préfabriqués du port d’Anvers – chaudron judiciaire improvisé en zone extra-territoriale…

Thierry Marignac est un familier des arcanes bruxellois comme de l’Europe de l’Est et des pays de l’ex-URSS. Son érudition transcende et confère un réalisme et un crédit étonnants à son roman ; il révèle un visage de l’Union européenne et de la bureaucratie bruxelloise bien loin des discours vantant la démocratie, la lutte conte la corruption ou la paix. Notre Union européenne tant célébrée comme sine qua non ? Chacun se fera son opinion sur la question en lisant Terminal Croisière.

Philippe Rubempré

Thierry Marignac, Terminal Croisière, Auda Isarn, 2021, 168 p.

Ab hinc… 356

« Il n’y a pas d’idées généreuses, seulement des idées vraies – généralement peu séduisantes en raison même de leur rectitude – et des leurres que l’on agite pour enthousiasmer les masses. » – Christopher Gérard, Les Nobles Voyageurs, Éditions La Nouvelle Librairie, décembre 2023.

Ab hinc… 355

« Être réactionnaire, c’est comprendre que l’homme est un problème sans solution humaine. » – Nicolas Gomez Davila

Éducation minimum – Florac / Saint Céran

Le titre de ce manuel de savoir-vivre 2.0 provient d’une réplique culte, empruntée à un film non moins culte, le décalissime Dikkenek, du belge, of course ! Claudy Faucan, M. Faucan plus exactement, directeur des abattoirs d’Anderlecht et photographe de charme amateur à ses heures perdues, intime dans un estaminet l’ordre à une cassosse obèse de manger ses chips avec la bouche fermée, ayant l’impression de se trouver à côté d’un camion poubelle qui travaille.

C’est donc à la jeune génération – à laquelle je n’appartiens plus depuis quelques hivers déjà – qu’Arnaud Florac et Romée de Saint Céran, respectivement auteur et dessinateur, s’adressent plus particulièrement. Même si, j’en suis et le témoin, et la preuve vivante, les tempes argentées ne constituent pas de contre-indication infranchissable à cette saine lecture. Ils s’adressent à cette génération perdue, élevée dans les fautes d’orthographe et la télé-réalité, cette déchetterie humanoïde ; génération sans culture G, inutile et discriminatoire ; génération sans histoire, coupable, forcément coupable ; génération en quête de repères (on le serait à moins), lâchée par la République, les boomers, l’Éducation nationale, les « chances pour la France » (selon l’expression d’un ancien ministre socialiste), la Gôche moralinisante et la pseudo-droite « ultra-libérale » (guillemets de rigueur tant ces coquins « ultra-libéraux » subventionnent les entreprises de leurs copains).

Objectif revendiqué des auteurs : offrir, en une cinquantaine d’entrées, des clés et des repères solides, bref, une Éducation minimum, pour poser des bases saines et construire sa vie. D’où la jeunesse du public cible, lequel lira avec profit et en complément À la jeunesse, recueil de discours adressés aux jeunes par diverses personnalités allant du maréchal de Lattre de Tassigny à Barack Obama, préfacés par François-Xavier Bellamy (avant qu’il ne se compromette en politicaillerie), publiés chez Librio pour une somme modique et dont j’ai jacté ici.

Le résultat est très chouette : des chapitres courts, bien écrits, avec ce qu’il faut d’érudition sans repoussante pédanterie, des fenêtres, des pistes, des suggestions à chaque page, tout en proposant de solides références. Ainsi, pour ce qui concerne mon domaine de prédilection, les livres, nous retrouvons (liste non-exhaustive, cela va de soi) les duettistes Jean Raspail et Vladimir Volkoff, le très lourd Alexandre Dumas ou encore le stimulant Dominique Venner, par-delà les polémiques vaines. Florac et Saint Céran abordent aussi le cinéma, la musique, l’histoire, la religion, la géographie, la mode, etc.

Un véritable manuel de savoir-vivre pour émerger à la fin de l’adolescence et prendre son envol dans la vie adulte depuis une solide aire d’aigle royal, forcément…

Philippe Rubempré

Arnaud Florac (textes) Romée de Saint Céran (dessins), Éducation minimum, Magnus, 2023, 256p.

Ab hinc… 354

« L’avenir enregistrera ce fait indéniable que la prétendue liberté de la presse n’aura servi qu’à enchaîner les journaux aux manieurs d’argent. » – Léon Daudet

Chers lecteurs, que 2024 soit pour vous l’occasion d’honorer votre destin. Je vous souhaite de belles lectures, de grandes aventures et des riches découvertes.

Ph. Rubempré

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