Ab hinc… 376
« Après avoir longtemps méprisé l’opinion et rendu les lois impuissantes, [la presse] a vu l’opinion se retirer d’elle et les lois l’abandonner aux décrets et règlements. Elle a été empoignée comme une danseuse de mardi-gras, emmenée à la préfecture, immatriculée, soumise à l’autorisation et aux inspections de salubrité. Tout a été permis contre cette déchue qui, naguère, pouvait tout se permettre ; elle a tout accepté. » – Louis Veuillot
Bye Bye Tristesse – Nataël / Béja
Lola d’Estressac est une jeune fille aristocrate ; elle a épousé Régis Lindon, plus âgé qu’elle, collaborateur efficace de son père, puisque lui ayant épargné la ruine. Ayant découvert que son mari la trompe, la fine Lola décide d’être de la partie, et imagine un stratagème lui permettant de se joindre aux ébats du couple adultérin. Bye Bye Tristesse est le récit par Lola de cette audace à son mari…
Le scénario en dentelle de Nataël est sublimé par le dessin gorgé de soleil et de chaleur méditerranéenne de Béja. Le lecteur devient le témoin d’une scène conjugale inédite, dont la douceur apparente se révèle puissamment érotique. À travers la confession de Lola, les auteurs questionnent l’amour, le désir, la découverte des sentiments, l’exploration du corps, la trahison, la déception, la famille et ses tabous… Le dessin de Béja est subtil, suggestif tout en étant impudique quand la situation l’exige. Bye Bye Tristesse, dont le titre fleure la littérature, offre au lecteur une belle évocation des affres de l’amour, en mariant avec bonheur dans une histoire singulière et troublante bande-dessinée, érotisme et poésie.
Philippe Rubempré
Nataël, Béja, Bye Bye Tristesse, 12BIS, 2012, 48 p.
Lecture mai
- Junk Story – Oh ! Great
- Le Bibliothécaire – Larry Beinhart
- Magenta détective dépravée – Celestino Pes & Nik Guerra
- Alan Ford #1 Le Clan Dynamite – Magnus & Bunker
- Alan Ford #3 La Maison des Fantômes – Magnus & Bunker
- L’Hydre jamais ne meurt – Antoine Zwicky
- Riposte – Louisa Reid
- Cité de verre – Paul Auster
- Tout le monde déteste Louise – Annelise Heurtier
- Revenants – Paul Auster
- Le goût des bibliothèques – Textes choisis et présentés par Laurence Biava
- SAS #165 Le dossier K. – Gérard de Villiers
- La Chambre dérobée – Paul Auster
- Ultima Necat V Journal intime 1994-1995 – Philippe Muray
- Paradise Island – Lu Ping & Teufel
- Arthur et Janet À fleur de peaux – Cornette & Karo
- Robinsonne La Naufragée – Éric Maltaite
- Attention femmes – Alex Varenne
- Transports fripons – Collectif
- Le Parfum des fleurs la nuit – Leïla Slimani
Ab hinc… 375
« Ce que l’État encourage dépérit, ce qu’il protège meurt. » – Paul-Louis Courier
À l’encre du néant – Rémi Tell
Recueil de chroniques des années 2022-2023 d’un jeune essayiste singulier, courtois et pertinent. Sans partager, loin s’en faut, l’ensemble de ses positions, force nous est de constater que Rémi Tell donne à réfléchir et le fait dans un français impeccable, vierge du sabir journaleux omniprésent de nos tristes jours.
« On me reprochera d’appeler encore à un mouvement de réaction. En somme, d’être à nouveau « anti » quelque chose. C’est vrai, et cela me désespère. Mais il en va ainsi de l’ère où la marche technique oriente toute l’organisation collective. […] Il ne s’agit pas de technophobie de principe, qui n’aurait guère plus de sens que la technophilie béate. Mais du constat, documenté par le passé, que face à un champ ambivalent de possibles, l’Occident ne sait plus rester sage. »
op. cit., p. 74.
Rémi Tell, À l’encre du néant, Éditions du Verbe Haut, avril 2024, 122 p.