Journal d'un caféïnomane insomniaque
mercredi juillet 2nd 2025

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Ab hinc… 381

« Les populismes sont des réponses furieuses et souvent déraisonnables à des démocraties qui ont renoncé au véritable pluralisme. » – Chantal Delsol

Lectures août

  1. Éricia Bizarre School – Michaël Carm & Miel Pelati
  2. Bob Morane #16 Mission pour Thulé – Henri Vernes
  3. Les trois dames de la Kasbah – Pierre Loti
  4. Suleïma – Pierre Loti
  5. Survivre à la peur. Tome 1 – Piero San Giorgio
  6. O.K., Joe ! – Louis Guilloux
  7. Tartarin de Tarascon – Alphonse Daudet
  8. Les Rencontres – Louis Aragon
  9. Les Souris – Dino Buzzati
  10. Matin brun – Franck Pavloff
  11. La Guerre des Boutons – Louis Pergaud
  12. Bernard Prince #1 Le Général Satan – Hermann & Greg
  13. Ultima Necat VI Journal intime 1996-1997 – Philippe Muray
  14. Bernard Prince #2 Tonnerre sur Coronado – Hermann & Greg
  15. Nietzsche l’actuel. Introduction à la philosophie nietzschéenne – Julien Rochedy
  16. Noëls fripons – Collectif
  17. La Cadillac blanche. Une enquête de l’inspecteur Canardo #6 – Sokal

Ab hinc… 380

« Mais combien de temps vont-ils encore pousser leurs clameurs grotesques de rentiers de l’indignation démagogique, de pamphlétaires salariés de l’antifascisme, d’imprécateurs dans le sens du vent, de flagellateurs homologués, de subversifs en pantoufles, sans crever étouffés sous l’oreiller monstrueux de leur propre ridicule ? » – Philippe Muray

Le Monde du bout du monde – Luis Sepulveda

Un grand roman ne rime pas mécaniquement avec un long roman. En quelque 120 pages, l’écrivain chilien Luis Sepulveda, décédé en 2020, signe un grand roman avec Le Monde du bout du monde.

Un journaliste chilien indépendant établi à Hambourg (alter ego de l’auteur ?) s’apprête à retourner au Chili pour enquêter sur le destin d’un baleinier japonais censé avoir été détruit, mais photographié dans un drôle d’état par une militante dans un chantier naval de Puerto Montt. Notre reporter se souvient avoir, à 16 ans, sous l’influence de la lecture de Moby Dick, embarqué comme commis de cuisine pour naviguer sur les canaux et les flots déchaînés de l’extrême-sud du continent américain. Son voyage s’annonce donc comme un double retour aux sources, sur fond de chasse interdite à la baleine, en compagnie de marins solides et solitaires, d’Onas et d’Alacalufes, natifs de ces terres australes de Patagonie.

Le Monde du bout du monde est une aventure écologique, au plus près des baleines en voie de disparition, en immersion dans la lutte entre Greenpeace et les baleiniers japonais ; c’est une aventure politique sur fond d’intérêts peu avouables et de négociations secrètes ; c’est aussi, et même surtout, une aventure humaine qui met le lecteur aux prises avec des caractères trempés, forts, singuliers, du genre qu’on respecte instinctivement, comme l’étrange capitaine Nilssen, fruit de l’union d’un marin danois et d’une femme Ona baptisée « la Femme ».

La plongée dans l’extrême-sud du continent américain, sur le détroit de Magellan et en Terre de Feu, nous immerge dans un univers à la fois très violent, hostile, dur, et en même temps enchanteur, qui fut merveilleusement incarné par des écrivains comme Saint-Loup (La Nuit commence au cap Horn), Jean Raspail (Adios, Tierra del Fuego ; Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie ; ou encore Qui se souvient des hommes…), mais aussi Jules Verne, Bruce Chatwin, ou le compatriote de Sepulveda, cité dans le roman, Francisco Coloane, auteur de Cap Horn, Tierre del Fuego et de Naufrages. Autant de romans, de récits de voyage ou de nouvelles que la lecture du roman de Luis Sepulveda vous invite à (re)découvrir pour poursuivre votre exploration de son Monde du bout du monde

Décidément, ce petit roman par le nombre de pages a tout d’un grand : la plume, le thème, les personnages, l’intrigue, et ce quelque chose de transcendant qui fait que vous n’êtes pas tout à fait le même après l’avoir refermé.

Philippe Rubempré

Luis Sepulveda, Le Monde du bout du monde, traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero, [Métailié, 1993] Points, 1995, 123 p.

Les Bouquinistes – Thomas Morales

« Je suis, à ma manière, un bouquiniste de la mémoire. Je leur rends un hommage car ils ont bien failli disparaître sous la flamme olympique. »

Thomas Morales, op. cit. p. 5.
Sortie le 19/09/2024.

Après avoir été menacés par des qui osent tout (et qu’on a reconnus), Les Bouquinistes ressuscitent et sont transcendés par le dernier recueil de chroniques de Thomas Morales. Monsieur Nostalgie est de retour et nous ouvre ses boîtes emplies de trésors oubliés ou négligés par la modernitude bas du front triomphante, suscitant notre soif d’exploration et de (re)découverte de livres, bandes-dessinées, films, voitures et autres curiosités…

Loin des râleurs patentés et des aigris bilieux, Morales distille ses hommages en faisant montre de reconnaissance (vertu en voie de disparition à l’heure du moi-je victimaire individualiste et consommateur) pour ceux qui ont égayé sa vie. Et c’est ainsi que Monsieur Nostalgie nous remonte le moral en pleine sinistrose désabusée. Il faut le dire, Les Bouquinistes de Thomas Morales font du bien au lecteur autant que ceux des quais de Seine au chineur, au promeneur ou au flâneur.

Emboîtons donc le pas à Monsieur Nostalgie et laissons-nous guider. On croisera l’hilarant Roald Dahl et le génie de Goscinny ; on s’encanaillera avec la Brigandine ; nous danseront langoureusement sur des airs de Barry White ou Adriano Celentano ; on roulera des mécaniques en Ford Mustang ou au guidon d’un Vespa, en compagnie de sa majesté Brett Sinclair ou du Sâr Rabindranath Duval…

Le mot de la fin revient à l’écrivain : « […] je range les boîtes à souvenirs comme j’ouvre mon cœur à une belle inconnue. […] Et je tente de faire revivre mon monde miniature, c’est-à-dire l’onde d’une époque heureuse. »

Ouvrons les boîtes du bouquiniste Thomas Morales !

Philippe Rubempré

Thomas Morales, Les Bouquinistes, Éditions Héliopoles, septembre 2024, 205 p.

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