Privilège
CITATIONS POLITIQUES
- On gouverne mieux les gens par leurs vices que par leurs vertus – Napoléon
- On reconnaît un discours de Jean Jaurès au fait que tous les verbes sont au futur – Georges Clémenceau
- On ne bourre pas les urnes ; on organise la victoire – Georges Marchais
- Mettez les arts dans les mains du peuple, ils deviendront l’épouvantail des tyrans – Jules Michelet
- La démocratie aujourd’hui est une démocratie pour le peuple et non une démocratie par le peuple. La démocratie par le peuple peut fonctionner au niveau des communes et des régions. Mais à l’échelle nationale, c’est déjà trop risqué de savoir ce que le peuple pense – Peter Sloterdijk
- Les régimes populaires exigent de nous l’oubli, et par conséquent ils traitent les livres comme un luxe superflu ; les régimes totalitaires exigent que nous ne pensions pas, et par conséquent ils bannissent, menacent et censurent ; les uns et les autres, d’une manière générale, ont besoin que nous devenions stupides et que nous acceptions avec docilité notre dégradation, et par conséquent ils encouragent la consommation de bouillie. Dans de telles circonstances, les lecteurs ne peuvent être que subversifs – Alberto Manguel
- A part pour les dictateurs et les imbéciles, l’ordre n’est pas une fin en soi – Michel Audiard
Florilège
PARCE QU’ELLES ME PLAISENT OU QU’ELLES M’INTRIGUENT…
- Un bon souvenir, c’est comme une bonne bouteille : il ne faut pas le boire seul – Jean-Louis Fournier
- On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va – Jacques Prévert
- Ici, aux pentes des collines,
face au crépuscule et au canon du temps
près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir – Mahmoud Darwich - Il n’y a qu’une façon de voir les choses… jusqu’à ce que quelqu’un vous apprenne à les voir autrement – Pablo Picasso
- Un coup de dés jamais n’abolira le hasard – Stéphane Mallarmé
- Some are born to sweet delights
Some are born to endless nights – William Blake - Moi Monsieur, je me déguise en homme pour n’être rien – Francis Picabia
- J’parle pas aux cons, ça les instruit – Michel Audiard
- L’imagination imite ; c’est l’esprit critique qui crée – Oscar Wilde
- L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art – Robert Filliou
- La liberté est un état d’esprit – Paul Valéry
- Moi mon remord ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés – Paul Eluard
- Il ne faut pas oublier que les gens ne veulent pas vivre. Ils veulent vivre davantage. La vie nue n’intéresse personne – Peter Sloterdijk
- C’est pas la peine de se tuer, puisqu’on se tue toujours trop tard – Cioran
- Le théâtre est le plus puissant moyen de l’éducation au rapprochement des hommes – Jules Michelet
- Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus – Marcel Proust
La Vénus à la fourrure – Leopold von SACHER-MASOCH
« Severin Severin, please Mistress forsake me… » Ainsi Lou Reed de chanter la fameuse Venus in furs du Velvet Underground…
Et Guido Crepax de mettre en dessins la tumultueuse relation entre la belle Wanda et Severin.
Je dois avouer connaître la Venus in furs du Velvet et la Vénus à la fourrure de Crepax avant d’avoir lu l’oeuvre originale de Leopold von Sacher-Masoch. Et à mon grand étonnement, je ne puis que constater ma déception.
Et pourtant ça commençait bien. J’ai apprécié tout le début du roman, quand toute la tension est contenue entre les dialogues et les non-dits, quand les armes qui se répondent sont d’antiques philosophes et des artistes renaissants… Dès que Masoch entre dans le vif du sujet, si je puis parler ainsi du « contrat d’esclavage » passé entre Wanda et Severin, quelque chose cloche. Soit l’auteur ne va pas assez loin dans l’écriture de sa pensée, soit il en écrit carrément trop. Toute la fin de la Vénus à la fourrure m’a semblée rédigée de la sorte, mi-figue, mi-raisin, ou plus exactement ni figue, ni raisin.
Cela dit, ce roman reste un ouvrage majeur de la littérature érotique, et les humanités en commandent la lecture. Je me permettrai humblement de vous conseiller d’en compléter la lecture par l’adaptation graphique sublime de Guido Crepax (bande dessinée publiée par les éditions Taschen, dans la collection Evergreen), en écoutant en boucle la Venus in furs du Velvet Underground, cela va sans dire !
La lune écoute aux portes – Georges Ch. BRASSENS
Commençons par préciser que ce roman – le premier de Brassens, je crois – était initialement intitulé Lali Kakamou. Vous ne vous plaindrez pas de ne pas avoir été prévenu…
Le texte est très court, complètement surréaliste. Onze chapitres, onze petites scènes illustrant la vie réelle et inavouée d’un petit quartier parisien (ou d’un immeuble ?).
Un Brassens potache, très différent du poète incarné dans ses chansons. Ça se lit tout seul, c’est agréable, drôle et déroutant.
Une curiosité charmante et surprenante !
L’âge blessé – Nina BOURAOUI
Chaque roman de Nina Bouraoui est une expérience unique, une expérience à vivre.
L’expérience Bouraoui.
Déflagration sémantique, jouissance lexicale, bombardements de mots, verbes, épithètes, attributs, substantifs… La langue de Bouraoui vous enveloppe dès les premières lignes, dès les premiers mots, elle vous enveloppe puis vous emporte avec elle. Il est difficile de s’en défaire avant la dernière page achevée.
L’âge blessé n’échappe pas à l’expérience Bouraoui. Ce roman à la première personne est en fait une sorte de dialogue unipersonnel entre une femme âgée de cent ans, âge blessé et blessant physiquement et moralement, croulant sous le poids d’une vie, et la petite fille qu’elle fut, aux prises avec un apprentissage douloureux de la vie et de la relation aux hommes.
Écrit en prose, ce texte qualifié de roman se vit comme de la poésie, sans un instant de répit. Si vous ne connaissez pas Nina, définitivement, tentez, vivez l’expérience Bouraoui ! Quelques soient vos goûts, que vous aimiez ou non le roman au final, peu importe, vous n’en sortirez pas indemne.
Si nous pouvons nous accorder sur le fait qu’un bon livre est un livre qui vous marque de son empreinte, alors je n’hésite pas à écrire que L’âge blessé de Nina Bouraoui est un excellent livre, et que je le recommande vivement à chacun.
Chronique à retrouver sur le Salon Littéraire.