Le Librairtaire de Proust de Thomas Morales

Thomas Morales est écrivain, chroniqueur, journaliste, bien connu des lecteurs de ces pages. Merci à lui d’avoir accepté de répondre à notre questionnaire de Proust revisité.
Quel est pour vous le comble de la misère?
Perdre la mémoire
Où aimeriez-vous vivre ?
Dans
mon Berry natal, sur les bords de Loire, les vignes à portée de
main
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Posséder un break Volvo 245 de 1977 vert pomme ou
couleur rouille
Pour quelles fautes avez-vous le plus
d’indulgence ?
L’excès de confiance, la
flamboyance, la forfanterie, les stigmates des losers magnifiques
Vos héros de roman favoris ?
Tous
les personnages de Rabelais

Votre personnage historique favori ?
Vercingétorix et Jacques Chaban-Delmas
Vos héroïnes favorites dans la vie
réelle ?
Les femmes du monde et les ouvrières à la
chaîne
Vos peintres favoris ?
Fernand
Léger, André Raffray et Chaval
Votre musicien favori ?
George
Benson
Votre qualité préférée chez l’homme
?
L’impétuosité bougonne
Votre qualité préférée chez la femme ?
L’érotisme chaste
Votre vertu préférée ?
Le
dandysme
Votre occupation préférée ?
Rouler
en Vespa PX sur un tronçon intact de la Nationale 7
Qui auriez-vous aimé être ?
Jean-Paul
Belmondo
Le principal trait de votre caractère ?
La lucidité comme arme de défense
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis
?
Leur impertinence narquoise
Mon principal défaut ?
Ma
pudeur provinciale
Mon rêve de bonheur ?
Vivre
de sa plume à l’abri du tumulte
Quel serait mon plus grand malheur ?
Que
mon épouse ne rit plus à mes pitreries
La couleur que je préfère ?
Blue
Tangos
La fleur que j’aime ?
Je
déteste les fleurs, seules les fougères m’agitent l’esprit
L’oiseau que je préfère ?
Le
dodo
Mes auteurs favoris en prose ?
Albert
Cossery, André Hardellet, Félicien Marceau, Alphonse Boudard, Léo
Malet, Valery Larbaud, A.D.G, François Villon, Alexandre Vialatte,
Paul Guimard et Roald Dahl
Mes poètes préférés ?
Henry
Jean-Marie Levet et Jean-Claude Pirotte
Un livre à
conseiller ?
« Paris-Berry » de Frédéric
Berthet
Un auteur à découvrir ?
Georges Conchon à redécouvrir ainsi que Pierre Luccin sinon parmi les vivants, Yves Charnet
Un film
?
« Tendre Poulet » de Philippe de Broca
Mes héros dans la vie réelle ?
Les
pilotes de rallye et Brigitte Bardot
Mes héroïnes dans l’Histoire ?
Les
playmates des années 1950
Mes (pré)noms favoris ?
Nadia,
Madeleine et Joss
Ce que je déteste par-dessus tout ?
Le
mépris de classe
Caractères
historiques que je méprise le plus ?
Ce mauvais goût
pour les honneurs et les breloques
Le fait militaire que j’admire le plus ?
Les exploits de la Nueve, compagnie espagnole
de la 2ème DB et de tous les pilotes du régiment
Normandie-Niemen
La réforme que j’admire le plus ?
Conduire une 125 avec un permis B
Le don de la nature que je voudrais avoir
?
Servir à plus de 200 km/h avec une raquette de
tennis en bois
Comment j’aimerais mourir ?
En
buvant une bouteille de Pouilly et en mangeant un crottin de
Chavignol
État présent
de mon esprit ?
Goguenard et indécis
Ma devise ?
Ce qui tue les gens, c’est l’ambition (Albert Cossery)
Un souhait
pour l’avenir ?
Liberté d’opinion, liberté
d’écrire, liberté de glander
Dernier ouvrage paru : Un été chez Max Pécas, Pierre-Guillaume de Roux, 2019.
Page FB de Thomas Morales : http://fr-fr.facebook.com/pages/Thomas-Morales-Editions/204716756278545
Le Librairtaire de Proust

25 mai 2020, dix ans déjà que ma première chronique a inauguré Le Librairtaire. Journal d’un caféïnomane insomniaque. Dix années, comme le temps passe vite ! Dix années au cours desquelles j’ai souhaité partager mes lectures et les réflexions qu’elles m’ont inspirées. Dix années au cours desquelles je vous ai croisé, au travers de vos œuvres ou dans la vie réelle, parfois les deux. C’est pourquoi, afin de célébrer cet anniversaire, j’ai proposé à une dizaine d’auteurs et de lecteurs de répondre à un Librairtaire de Proust, questionnaire revu et corrigé à ma façon, publié dans ce chapitre.
Philippe Rubempré
Lundi 25 mai 2020, Le Librairtaire fête ses 10 ans !

Dix années aujourd’hui que je partage avec vous, chers lecteurs, les livres, films et citations qui m’inspirent et que je désire faire découvrir ou redécouvrir. Mon journal de caféïnomane insomniaque a évolué au fil du temps, des rubriques nouvelles ont été créées, d’autres supprimées, mais aucune chronique n’a été enlevée, pas même celles que je ne goûte plus à la relecture. Mes chroniques sont le reflet de mon état d’esprit au moment de leur composition, un journal extime, en somme.
Merci, chers lecteurs, que vous soyez fidèles ou simplement curieux. Merci et joyeux anniversaire !
Ab hinc… 277

« On ne peut toujours pas publier sans trier ou masquer, sous peine d’être condamné. Les dommages-intérêts sont le visage moderne de l’inquisition.
Ce qui laisse le plus songeur dans cette censure modernisée est l’abandon progressif de nombreuses zones, de l’humour au roman, du pamphlet au livret d’opéra, qui sont désormais judiciarisées.
Il faut se pencher, par exemple, sur le comportement des personnages de fiction, forcément exemplaires. Là se niche la véritable trouvaille du censeur à la page. Ce n’est plus la débauche en tant que telle qui est jugée, ce n’est plus la connotation raciste du littérateur qui est désignée à l’opprobre. Les personnages sont les vrais coupables. »
Emmanuel Pierrat, Liberté sans expression ? Jusqu’où peut-on tout dire, écrire, dessiner, Flammarion, 2015.
Les Bâtisseurs d’histoire – Gérard Chaliand

Magellan & Cie a eu la bonne idée de réunir dans une édition revue et corrigée 14 essais de Gérard Chaliand consacrés à des personnalités ayant influencé le cours de l’histoire. Composés entre les années 1970 et les années 2000, chacun d’entre eux reste d’une actualité et d’une acuité qui rend leur lecture passionnante encore aujourd’hui.
Gérard Chaliand, géopoliticien de qualité et reconnu, sait mettre en valeur chez des personnalités attendues – Napoléon, Kissinger, Sun Zi – parfois beaucoup moins – Cabral, Fanon, Giap – l’originalité qui en fait des bâtisseurs d’histoire ; originalité politique et stratégique, militaire souvent, révolutionnaire aussi. Dans chacun de ses essais, Chaliand mêle à une plume précise et fluide l’analyse fine, non sans une ironie bienvenue à l’occasion…
Les Bâtisseurs d’histoire est un ouvrage réussi car il permet de mieux entendre notre monde et les interactions qui l’animent. Nous comprenons à sa lecture l’essence de la diplomatie et de la stratégie, éclairant par là même quelques aberrations de la politique étrangère française de ces dernières décennies, confuse et par trop inefficace, quand elle n’est pas contre-productive. Chaque portrait brossé nous prouve combien il est pertinent de connaître ces acteurs et leur héritage pour appréhender notre monde comme il va.
Avec Les Bâtisseurs d’histoire, Gérard Chaliand signe avec lucidité à la fois un grand livre d’histoire et de géopolitique.
Philippe Rubempré
Gérard Chaliand, Les Bâtisseurs d’histoire, Éditions Magellan & Cie, 2013, 256 p.









